Hashtag United, ce nom ne vous dit peut-être rien mais outre-Manche c’est un véritable phénomène. Aujourd’hui les réseaux sociaux ont pris une part importante dans la vie de beaucoup d’entre nous. Les clubs de football l’ont compris et ont envahi ce nouvel espace. Mais ces mêmes réseaux sociaux ont permis l’émergence d’un véritable ovni footballistique Le  Hashtag United.

 

Hashtag United : les débuts

Tout débute autour de Spencer Owen, milieu défensif de son état mais surtout l’un des youtubeurs les plus suivis du Royaume. Le jeune homme de 27 ans, a créé la chaîne YouTube Spencer FC avec aujourd’hui plus d’un 1,8 million d’abonnés. Sur ce média, Spencer se met en scène dans des défis liés au football. Un jour, Spencer Owen, qui en parallèle joue au football avec sa bande de copains, a alors l’idée de faire suivre ces joueurs du dimanche avec le dispositif digne d’un club pro.

 

 

Un mode de fonctionnement particulier:

Pour bien comprendre, il faut tout d’abord savoir que le Hashtag United ne participe à aucune compétition officielle. Cette équipe joue dans un schéma comparable à celui de FIFA Ultimate Team. L’objectif est de passer un niveau en gagnant un certain nombre de points en un certains nombre de matches. Et ainsi donc d’affronter au fil des promotions des équipes toujours plus fortes. Pour résumer, une saison dure dix petits matches face à dix adversaires de niveau homogène. Si le HUFC remporte dix-huit points sur les trente possibles, il est promu et peut recruter un nouveau joueur. A l’inverse, si l’équipe prend moins de dix, elle descend et se contraint à se séparer d’un des siens. Moins d’un an après sa création, le Hashtag United dispute donc sa troisième saison, après deux «promotions». Après avoir passé le « niveau » des équipes d’entreprise, puis celui du showbiz ou des staffs de club pro, les joueurs du Hashtag United  affrontent désormais des clubs de la Sunday League, donc des vrais clubs de niveau amateur. Leurs aventures sont aujourd’hui suivies par 800 000 internautes en moyenne.

 

 

Les raisons de cette réussite:

Le premier point fort réside dans l’habillage du club. Le Hashtag United est extrêmement bien réussi. Les péripéties de ces footballeurs du dimanche sont présentées au sein d’un univers qui mêle les codes du  jeu vidéo et de la télé-réalité. Les rencontres sont filmées et montées en résumés de 20 minutes. Durée qui correspond plus aux formats du net. Mais la rencontre seule ne créerait pas un tel engouement. L’avant et l’après match font aussi partie du « show ». Le Hashtag United diversifie également son offre avec des défis d’entraînement (toucher la barre, faire la touche la plus longue, etc.). Là encore  nous pouvons y trouver des animations graphiques inspirées des jeux vidéo, qui donnent une plus-value au produit.

Avec des personnages haut en couleurs, cet ovni footballistique peut être considéré comme une série. Spencer Owen insiste d’ailleurs lui-même sur l’importance du storytelling «Le match n’est pas toujours intéressant, mais c’est l’histoire qui accroche les gens, a expliqué Spencer Owen Ce n’est pas une question de talent, mais de récit.» auquel il est forcément facile de s’identifier. Vous l’avez compris le faible niveau footballistique des joueurs n’est pas l’essentiel, c’est voire même un atout. En effet, le phénomène d’identification aux «Average Joes», les fameux mecs normaux, peut aussi être mis en avant pour expliquer cette réussite.

 

Une réussite aussi marketing:

Avec une telle audience, les marques ont rapidement compris quels intérêts elles pouvaient en tirer. Aujourd’hui, le Hashtag United a pour équipementier Umbro, et le sponsor maillot est le jeu de football Top Eleven . Comme les plus grands clubs, ils ont même eu l’honneur d’avoir leur propre jaquette sur le dernier Fifa 17, à l’instar de ceux de l’élite anglaise. Imaginez en France seuls l’OM, le PSG, l’OL et Lille ont ce privilège. En contrepartie, les partenaires sont largement exposés dans les résumés et la chaîne  youtube perçoit des revenus publicitaires. Selon Spencer Owen, son  projet est «l’offre commerciale la plus excitante en dehors de la Premier League» que peut offrir le football.  La réussite marketing est indéniable, la question aujourd’hui est de savoir si ce modèle économique peut être pérenne…

 

Un Hashtag United en France?

Effectivement la question de la transposition de ce modèle en France est souvent la première qui nous vient lorsque l’on découvre de tels phénomènes. Le courrier du sport a donc fait quelques recherches sur internet pour retrouver trace en France de quelque chose qui puisse s’approcher de ce nouveau phénomène (D’ailleurs, si vous avez vent d’un projet de ce type, le courrier du sport sera heureux d’en faire un article…) Pour l’instant, rien de comparable, mais quelques aspects de ce phénomène ont été mis en place dans certains clubs.

Le Hastings FC Rots : Découvert par le collectif Tatane, ce club -crée en 2012 a lui aussi pris le parti d’utiliser les codes du football professionnel pour les appliquer au football amateur. Le contenu de son site internet et son storytelling décalé ont permis à ce petit club de district d’être finaliste des Golden Blog Award en 2015. De nombreux matches de cette équipe ont aussi été filmés, mais la qualité n’avait rien à voir avec celle que produit le Hashtag United.  L’humour, la vidéo, le phénomène d’identification aux «Average Joes» peuvent rapprocher les deux clubs. Mais seules les intentions peuvent être comparables.  De plus, depuis le début de leur 5eme saison d’activité, l’histoire s’est quelque peu essoufflée faute semble-t-il de moyens financiers suffisants.

Le Web Football club. Créé en 2002 ce club fait figure de dinosaure mais l’idée était d’utiliser internet dans le football. Précisément le concept était de donner le pouvoir aux internautes: une sorte de football manager en mode collaboratif mais dans le monde réel . Le club avait compté jusqu’à 1600 entraînautes. Ces derniers coachaient en ligne ces vrais joueurs de district. Ils pouvaient alors agir sur le type d’entrainement, la composition de l’équipe, la stratégie et jusqu’aux tireurs de coups de pied arrêtés. A l’époque, le Web FC est passé de la 5e à la 2e division de district, avec une montée chaque saison. The New York Times avait même fait un article intitulé « Internet soccer fans coach their team to real success ». Le développement du club passait par la possibilité de suivre en direct les matchs grâce à des webcams. Mais là aussi, la limite et la fin de l’aventure furent comme souvent l’aspect financier.

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